Comment composer avec les employés qui vont travailler dans un autre salon, deviennent pigistes, louent un salon suite ou même travaillent au noir ? Voici les conseils d’experts.
Le départ du personnel de salon n’est pas un phénomène nouveau issu de la pandémie ; il y a toujours eu un roulement de stylistes qui cherchent constamment de nouvelles possibilités. Mais ce phénomène a été aggravé par les confinements, et les propriétaires cherchent des façons de freiner et prévenir ces départs.
« Aussi longtemps que je me souvienne, les entrepreneurs indépendants ont fait partie de notre industrie », révèle Peter Mahoney, président du Salon Resource Group, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. « Par contre, je pense que leur nombre augmente et que le modèle des suites, de plus en plus populaire depuis quelques années, s’est répandu encore plus à cause de la pandémie. »
Aller voir ailleurs
Il est important que les propriétaires de salon créent un environnement attrayant pour que leur personnel veuille rester, mais il importe aussi de savoir et de comprendre pourquoi ils partent. Cela permet de résoudre tout problème, afin, espérons-le, d’éviter que d’autres départs dans l’avenir.
« Si un styliste quitte son salon pour aller dans un autre milieu de travail, ça veut dire que l’environnement du salon n’était pas assez intéressant. Certains stylistes partent parce qu’ils croient qu’il existe de meilleurs débouchés ou qu’ils gagneront plus d’argent (en se lançant à leur compte), mais ce n’est habituellement pas le cas. Les stylistes indépendants ne sont pas exposés aux mêmes débouchés éducatifs et ils prennent du retard. »
— Lance Nielsen, copropriétaire, Element Hair, Waterloo, Ontario
« Avant la pandémie, les employés quittaient les salons en raison du manque de souplesse et parce qu’ils ne savaient pas comment obtenir une augmentation de salaire. Nombre de stylistes qui travaillent dans des salons traditionnels à la commission ont du mal à augmenter leurs revenus, parce que bien des salons indépendants ne sont pas structurés. Mais la pandémie a compliqué les choses. À mon avis, bien des employés des grands salons comptant de 20 à 30 fournisseurs de services dans un espace fermé ont repensé à leur environnement. Nous avons commencé à voir une migration vers un concept plus simple, comme une suite où les stylistes n’ont qu’à se soucier d’eux-mêmes, ou un salon plus petit à lumière naturelle, entrée sur la rue et d’autres facteurs synonymes de liberté. » — Peter Mahoney, président, Salon Resource Group, Dartmouth, Nouvelle-Écosse
« FINALEMENT, IL FAUT STRUCTURER SON ENTREPRISE DE SORTE QUE LES GENS SE DISENT QU’ILS SONT FOUS DE NE PAS TRAVAILLER POUR VOUS. C’EST L’ÉQUIPE ET LA CULTURE QUI COMPTENT. EN CRÉANT ET EN CONSERVANT VOTRE PERSONNEL, VOTRE ENTREPRISE CROÎTRA. » — ROBERT CROMEANS, DIRECTEUR ARTISTIQUE ET DE DÉVELOPPEMENT DES AFFAIRES INTERNATIONAL, JOHN PAUL MITCHELL SYSTEMS, ET PROPRIÉTAIRE, ROBERT CROMEANS SALONS, SAN DIEGO, CALIFORNIE
Changer de vitesse
Il peut être difficile de voir partir les employés, mais la pandémie a entraîné une grande incertitude chez plusieurs, tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Que les stylistes quittent le salon pour travailler au noir ou devenir indépendants, les propriétaires doivent réexaminer leur modèle de gestion et faire du salon un environnement attrayant pour leur personnel.
« La pandémie a créé une nouvelle dynamique dans l’industrie, donnant aux stylistes beaucoup de temps
libre pour réfléchir à leur situation. Elle a également créé une économie clandestine, qui n’est pas avantageuse pour notre industrie. Maintenant, les salons doivent créer un environnement dynamique, encourageant et éducatif pour que les gens ne songent pas à s’en aller. Ils doivent examiner leurs activités et se rendre attrayants pour que le personnel veuille venir et rester. Les revenus sont importants, mais aussi les rapports avec le personnel et le fait de les aider à devenir confiants et de continuer d’offrir une éducation. » — Lance Nielsen, copropriétaire, Element Hair, Waterloo, Ontario
« Les milléniaux et la génération Z sont des entrepreneurs. Ils ne veulent pas travailler pour quelqu’un, mais
avec quelqu’un. Ils veulent faire plus que travailler ; ils veulent faire partie de quelque chose, défendre une cause et avoir un but. De nos jours, si un salon n’a pas de passion ou de vision, il n’intéressera pas les jeunes très longtemps. Souvent, les salons traditionnels à la commission ne sont pas dirigés, mais gérés. Il y a des règles à suivre, il n’y a pas assez de souplesse, et ça ne marche pas, aujourd’hui. » — Peter Mahoney, président, Salon Resource Group, Dartmouth, Nouvelle-Écosse
« Certains stylistes ne sont pas retournés dans un salon après les confinements parce qu’ils étaient plus
à l’aise de coiffer chez eux ou se sont habitués à la souplesse. La plupart des employés que nous perdons deviennent pigistes, parce qu’ils cherchent cette indépendance-là. Le départ d’un styliste n’a pas seulement des répercussions sur l’équipe, mais sur l’habitude d’avoir une clientèle. Pendant des années, les stylistes ont couru pour coiffer tout le monde, mais la pandémie nous a appris à ralentir et à passer du temps de qualité avec les clients. Les ventes ont augmenté et le personnel est plus heureux. Les stylistes sont plus aimables quand ils travaillent avec moins de gens. Ce changement forcé n’a fait que des gagnants. » — Robert Cromeans, directeur artistique et de développement des affaires international, John Paul Mitchell Systems, et propriétaire, Robert Cromeans Salons, San Diego, Californie
Savoir s’adapter
Il peut être bouleversant de perdre du personnel qui choisit d’autres débouchés dans l’industrie, mais les propriétaires de salon trouvent des moyens de s’adapter.
« J’encourage les propriétaires de salon à communiquer avec d’autres propriétaires. Nous l’avons fait avec plusieurs autres salons. Nous nous réunissons et discutons de ce qui se passe dans l’industrie — des changements quant au personnel et d’autres sujets. Les gens apprennent des choses et ça leur donne des idées et de l’inspiration, puis ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris. » — Lance Nielsen, copropriétaire, Element Hair, Waterloo, Ontario
« Les stylistes ont diverses raisons de partir. Je dis aux propriétaires de salon que désormais, il faudra constamment recruter. C’est triste de voir des employés partir, mais ça fait partie des affaires et il faut se protéger et se préparer ; faites des entrevues numériques, de la publicité. Un de mes amis a perdu 73 employés pendant la pandémie. C’est triste, mais ça arrive. Le roulement est plus fort dans les grands salons, et pour y remédier, ils recrutent encore plus, et je pense que nous devrions faire de même. » — Robert Cromeans, directeur artistique et de développement des affaires international, John Paul Mitchell Systems, et propriétaire, Robert Cromeans Salons, San Diego, Californie
Conseils pour conserver le personnel
Il est primordial de rendre votre salon attrayant et de comprendre les besoins de votre personnel pour le conserver.
La structure : essentielle
« Nous avons créé un environnement positif et encourageant tout en fournissant un soutien, des systèmes et une structure. Certains salons n’ont pas suffisamment de structure, et bien des jeunes veulent une structure, qui les aide à bâtir leur confiance. Les stylistes ont surtout besoin d’un environnement positif et d’être constamment exposés à des possibilités d’éducation. » — Lance Nielsen, copropriétaire, Element Hair, Waterloo, Ontario
Être transparent
« Si on veut bâtir un salon à la commission aujourd’hui, il faut être complètement transparent avec les employés et leur révéler les chiffres et la vision. Nous aimons dire que nos activités ne sont pas la coupe et la coloration, mais bien la croissance des gens. » — Peter Mahoney, président, Salon Resource Group, Dartmouth, Nouvelle-Écosse
Offrir une souplesse
« Montrez votre souplesse aux employés. Mon salon compte plus d’employés à temps partiel que jamais et tout le monde a une clé. Si un client a besoin d’un service tard le soir ou tôt le matin, pas de problème. Les gens veulent profiter des avantages d’être employé, mais surtout, ils veulent une liberté. S’ils ont les deux, c’est comme ça qu’on les garde ! » — Robert Cromeans, directeur artistique et de développement des affaires international, John Paul Mitchell Systems, et propriétaire, Robert Cromeans Salons, San Diego, Californie
Construire des ponts
« Ne montrez pas seulement à vos employés que votre salon est un bon endroit pour commencer leur carrière, mais aussi pour la finir. Montrez aux stylistes tous les débouchés qui s’offrent à eux. Le cheminement de carrière va- t-il au-delà du travail derrière le fauteuil ? Comment peut-on faire partie de l’équipe de direction ? Tous ces éléments sont essentiels aujourd’hui. » — Peter Mahoney, président, Salon Resource Group, Dartmouth, Nouvelle-Écosse
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