En 2010, les réseaux sociaux et l’explosion des téléphones intelligents ont complètement transformé le créneau de la coiffure professionnelle. Et en 2019, il faut absolument maîtriser la puissance du numérique.
Matthew Collins, artiste international L’Oréal Professionel basé à Toronto et Los Angeles, et John Cedilla, spécialiste du marketing numérique chez Matrix Canada, donnent leur avis sur la manière dont les salons et les stylistes indépendants doivent maîtriser le marketing numérique.
Salon Magazine : Quand on entend dire « marketing numérique », on suppose automatiquement qu’il est seulement question des réseaux sociaux. Qu’en pensez-vous ?
John Cedilla : Puisque ce sont les plateformes les plus importantes, on suppose que le marketing numérique ne concerne que les réseaux sociaux. Mais ce n’est qu’une partie de l’équation. Le marketing numérique est beaucoup plus vaste et mise sur la technologie dans son approche. Comme la publicité n’est qu’une partie des opérations marketing, les réseaux sociaux ne sont qu’une autre façon de faire du marketing numérique.
SM : Quel a été l’impact numérique le plus important sur l’industrie des salons au cours des 10 à 20 dernières années ?
Matthew Collins : Instagram. C’est une plateforme visuelle extraordinaire pour les artistes en coiffure. On peut vraiment s’en servir pour faire connaître son travail et trouver de nouveaux clients. Sur Facebook, ce qu’on publie se perd toujours un peu.
SM : Quelle est la meilleure stratégie pour faire croître son compte Instagram ?
MC : Il faut absolument publier de
très belles photos. C’est ce qui compte le plus sur Instagram. Et il faut aussi poster régulièrement. Je passe environ une heure par jour à planifier mes publications. Ça prend environ cinq minutes pour prendre une bonne photo de chaque client, puis une demi-heure pour préparer le texte et les mots-clics. Si vous pensez que c’est beaucoup de temps, je peux vous garantir que vous passez déjà au moins une heure par jour à regarder le travail des autres.
SM : Qu’est-ce qui doit primer dans une stratégie numérique pour un salon ou un styliste à son compte, et pourquoi ?
JC : Encore une fois, ça dépend de plusieurs facteurs. Si les salons ont assez de budget, le site Web devient
la plateforme centrale, le pivot de leur présence numérique. C’est également une façon de mettre en vue le travail de vos stylistes et les créations du salon. Le contenu vous appartient et vous décidez comment il apparaît sur Internet, grâce à un bon référencement naturel (le fameux SEO). Un site Web est également très utile si vous voulez faire du commerce électronique et vendre à vos clients les produits qu’ils connaissent déjà. De plus, les grands salons doivent toujours collecter des données sur les clients pour l’envoi d’infolettres et de promotions. Pour les stylistes à leur compte, Instagram est idéal pour présenter son travail et diffuser ses promotions. Les clients peuvent aussi communiquer avec vous grâce aux messages directs (DM). Mais pour avoir accès à la plupart des données de vos abonnés (âge, région géographique, heure d’activités, moment de la journée le plus propice pour poster, etc.), assurez-vous d’avoir un compte affaires, lié au compte Facebook de votre entreprise.
SM : Est-ce que le marketing numérique est une menace pour le modèle d’affaires du salon traditionnel ?
MC : L’ancien modèle était basé sur un grand salon prestigieux avec beaucoup de clients, mais la location de l’espace et toutes les activités du salon coûtaient très cher. Pour passer à la nouvelle économie, un salon doit s’assurer d’être présent sur Instagram. Il faut poster du contenu qui présente la culture du salon et des photos inspirantes qui vont attirer les gens. Et, sérieusement, si votre salon ne fait pas d’efforts pour avoir
une présence qui se démarque sur les réseaux sociaux, je peux vous assurer que vous ne serez plus là dans cinq ans.
SM : Parlez-nous du nouveau modèle d’affaires…
MC : Les stylistes qui se tirent très bien d’affaires en ce moment à Los Angeles sont ceux qui travaillent en location de chaise ou qui travaillent à leur compte dans un salon suite. Pour ceux qui ont cette manière de fonctionner, leur chiffre d’affaires provient à 95 % d’Instagram. Les coiffeurs cool sont ceux que les clients potentiels découvrent maintenant en ligne. Votre salon peut être situé dans une ruelle ou un entrepôt et vous pouvez faire plein d’argent. Il faut absolument exploiter toutes les plateformes pour se faire connaître. Le marketing numérique offre aux stylistes indépendants les outils nécessaires pour réussir brillamment.
SM : Les réseaux sociaux permettent- ils de passer des « j’aime » à de l’argent sonnant ? Nous avons deux opinions ici !
JC : On peut passer des abonnés aux clients sur les médias sociaux (la véritable conversion), mais ce n’est pas le but principal. Les gens sont sur les réseaux sociaux pour interagir avec les autres, pas forcément pour magasiner pour un service ou un produit. Mais on peut y trouver un équilibre. Les médias sociaux sont excellents pour présenter ce que vous faites et voulez vendre. On y retrouve aussi beaucoup de contenu créé par les utilisateurs que vous pouvez reposter sur vos propres comptes pour alimenter la conversation, présenter des vidéos, stimuler les gens à aller sur votre site Web, et inciter les gens à vous suivre pour, peut-être un jour, leur vendre vos services.
MC : Les médias sociaux mènent résolument à la conversion. Cinquante à soixante pour cent de mon chiffre d’affaires provient d’Instagram. Il faut laisser tomber les vieilles idées. Si vous étiez excellent en marketing traditionnel, vous pouvez facilement transposer vos compétences dans l’univers d’Instagram. Les éléments déclencheurs sont les mêmes pour le consommateur, ce n’est que le contexte qui change.
SM : Parlez-nous du marketing par courriel, comme les infolettres par exemple. A-t-il encore sa place, et quel taux de réussite offre-t-il?
JC : Ce qui compte plus que jamais, c’est d’obtenir le plus d’information possible sur vos clients pour pouvoir leur fournir ensuite l’information qu’ils recherchent. Vous devez analyser ces données pour que vos promotions soient efficaces. Et n’oubliez pas que vous avez une relation solide et ouverte avec la plupart de vos clients. S’ils sont abonnés à vos infolettres, c’est parce qu’ils veulent avoir de vos nouvelles et votre avis d’expert en coiffure, donc ils vont davantage ouvrir les infolettres et lire l’information qui s’y trouve.
SM : Et, d’après vous, qu’est-ce qui va venir après Instagram ?
MC : Personne ne le sait vraiment. Mais en ce moment, beaucoup de stylistes et coloristes en profitent amplement pour bâtir leur renommée et attirer de plus en plus de clients !
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