Vous avez grandi dans l’industrie de la coiffure. Racontez-nous un peu.
Mes parents sont stylistes, alors j’ai grandi dans l’arrière-boutique des salons, balayant les cheveux dans les salons le week-end. J’ai grandi dans cette culture-là. Je lisais constamment Salon Magazine pour regarder le travail de tout le monde, qui me fascinait. C’est là que mon désir de participer à des compétitions est né.
Comment avez-vous fait vos débuts dans l’industrie de la coiffure ?
Je n’ai pas nécessairement grandi en rêvant d’être styliste. Quand j’avais environ 19 ou 20 ans, je me suis dit que je travaillais déjà dans cette industrie, mais ma véritable aspiration était d’être acteur, réalisateur ou cinéaste, mais je n’avais pas forcément envie de tomber dans le cliché d’être serveur toute ma vie, ou barman. Donc j’ai pensé qu’il serait sage d’avoir un métier sur lequel je pourrais compter, et moins d’un an après avoir obtenu mon diplôme de coiffure et avoir travaillé dans des salons, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de débouchés, de créativité et beaucoup de ce qui m’inspirait dans les arts créatifs de la coiffure. J’ai décidé de plonger et d’en faire mon monde.
Je suis également éducateur Goldwell, donc je passe beaucoup de temps à parler en public, à coacher et à travailler avec des gens créatifs, ce qui a fini par être tout ce que je voulais, mais dans un environnement beaucoup plus stable.
Qu’est-ce que ça fait d’être éducateur ?
En tant qu’artiste, lorsqu’on atteint un certain niveau de succès ou de compétence, il est vraiment important de redonner à la communauté à mon avis. Je pense qu’être éducateur et passer du temps à encadrer et à inspirer les gens fait partie du processus de redonner à l’industrie pour tout ce qu’elle vous a donné. C’est très amusant, ça brise la monotonie du travail en salon, et ça garde excité et humble. Et inspiré.
Quel effet votre victoire vous fait-elle ?
Évidemment, c’est génial de gagner. En regardant tous les gagnants incroyables et tout le travail extraordinaire qui a été fait cette année, je pense qu’il faut toujours continuer de croître et d’évoluer. Donc, honnêtement, dès que j’ai gagné, j’ai songé à ce qui va suivre et à quel point on peut repousser ses limites la prochaine fois, et à la façon de continuer de grandir et de tout repousser.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour votre collection gagnante ?
Mon inspiration vient généralement des humeurs — d’une émotion et d’un sentiment. En général, j’envisage la collection d’une manière organique, selon ce que j’aimerais voir sur une photo. Quel genre de couleurs aimerais-je voir ? Comment puis-je créer quelque chose d’intéressant qui exprime l’ambiance que j’essaie d’évoquer ? Dans cette collection-ci, il y avait un peu d’influence de la culture pop. Elle s’intitule en fait Pop Couture, donc je suppose qu’elle représentait un peu une culture pop emblématique, mais comme dans tout ce que je fais, j’aime inclure un courant de fond sombre.
Je pense que c’est en raison du contraste dynamique entre les couleurs vives et quelque chose d’un peu plus sombre ; un arrière-plan et un éclairage foncés, avec des éclats très contrastés de couleurs vives pour compenser, donnent un effet très différent. Je pense que souvent, ce qui finit par arriver, c’est que lorsque les couleurs sont vives, les arrière-plans et l’éclairage sont vifs eux aussi, donc cela ne crée pas une image très dynamique. C’est génial de voir ces idées contraires ensemble dans une belle image.
Depuis combien de temps participez-vous aux Contessas ? Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la compétition ?
Je participe depuis 2018. J’ai pris quelques années de congé et je me suis de nouveau inscrit cette année. Ce que j’aime des prix Contessa, c’est qu’ils soulignent le travail des gens qui veulent être créatifs. C’est un tremplin qui aide les gens à faire avancer leur carrière. C’est vraiment génial de voir le travail incroyable de tout le monde chaque année et de rester inspiré en le voyant, et de continuer à améliorer son propre travail. Bien sûr, l’événement lui-même, quand il est en personne, est l’un des plus excitants et amusants de l’industrie. Franchement, c’est l’événement le plus excitant.
Pourquoi les compétitions sont-elles importantes, à votre avis ?
Les compétitions engendrent le succès, à mon avis. Le fait de photographier son travail responsabilise, garde honnête et incite à se dépasser. Je pense que la collaboration avec d’autres personnes créatives à une séance photo professionnelle pour créer une collection montre la nature cohésive de son travail. Ça permet de créer un intérêt beaucoup plus vaste. En fin de compte, c’est ce qui produit l’excellence.
Vous avez déjà gagné un prix Contessa. Qu’est-ce que cette victoire signifie pour vous ?
La dernière fois que j’ai gagné, c’était dans la catégorie Texture, une catégorie dans laquelle je n’envisageais pas de m’inscrire au début de ma carrière. Je me suis inscrit sur un coup de tête, décidant de tenter ma chance, et ça a marché. C’est un peu différent de gagner le prix Styliste Colombie-Britannique, parce que c’est l’une des catégories que je regardais tous les ans quand j’étais jeune styliste. Les gens qui gagnaient ce prix chaque année à mes débuts étaient des personnes que j’admirais, comme Edwin Johnston et Chad Taylor du Moods Hair Salon. Ils avaient beaucoup d’influence en Colombie-Britannique, donc j’ai toujours été attiré par cette catégorie-là. C’est extraordinaire d’être sur le même pied que les gens dont je suivais toujours l’exemple au début de ma carrière.
Pensez-vous que ces victoires ont été avantageuses pour votre carrière ?
Absolument. Mes clients adorent ça ; les entreprises et les fabricants sont toujours très heureux que leurs éducateurs remportent des prix. Je pense que cela nous pousse un peu plus loin. Chaque fois qu’on fait quelque chose de très créatif, ça améliore son travail en salon. Quand on repousse les limites de la créativité, ça rend le fonctionnement quotidien de son entreprise beaucoup plus excitant et ça garde dans son élément.
Avez-vous des conseils pour quelqu’un qui participe pour la première fois ?
La première chose à faire est de trouver un bon photographe parce qu’il faut veiller à ce que les images soient superbes. Ensuite, il faut trouver d’excellents mannequins, parce qu’ils sont tout aussi importants que les coiffures. Quand on commence, il est parfois sage de ne pas forcément se concentrer sur une victoire, mais de se fixer des objectifs plus petits. Cela peut être d’arriver aux demi-finales, et une fois que vous avez atteint les demi-finales, de vous rendre en finale. Je sais que pour moi, gagner, c’est génial, mais ce qui m’importe est plutôt de faire preuve de cohérence en continuant de me qualifier aux Contessas. Bien sûr, j’aimerais gagner, mais je pense qu’il est très important de faire preuve de cohérence dans son travail en continuant à être reconnu, que ce soit en demi-finale ou en finale ; ça montre un intérêt plus vaste pour son travail. Le jury est différent chaque année, alors en tant que jeune styliste en compétition, rappelez-vous que c’est subjectif. Ne vous mettez pas trop de pression, amusez-vous et soyez tout simplement honnête dans votre travail et aimez ce que vous faites.
Avez-vous des conseils pour la planification des collections et des séances photo ?
La première chose à faire est de trouver vos mannequins. Vous pouvez avoir une idée de ce que vous voulez faire, ou des sentiments que vous souhaitez exprimer, mais jusqu’à ce que vous trouviez vos mannequins, que vous les rencontriez et les photographiez avec votre téléphone intelligent, vous ne pouvez pas planifier complètement vos couleurs et vos coiffures. Les mannequins vont vous inspirer. Ensuite, assurez-vous d’avoir un photographe et une équipe de soutien excellents. L’équipe peut comprendre un styliste de mode, un excellent artiste maquillage, et vous devez aussi avoir un assistant compétent sur le plateau. Ce qui importe le plus, c’est d’avoir des gens que vous êtes prêt à écouter le jour de la séance photo. S’ils ont une opinion, écoutez-la. Si vous leur faites confiance, c’est formidable d’obtenir une approche différente et d’écouter l’opinion de l’avocat du diable, pour vous assurer de rester sur la bonne voie. Ça peut vous aider à prendre des décisions éclairées pour que la collection soit vraiment tout ce que vous voulez qu’elle soit. Ce qui importe le plus, c’est l’ouverture d’esprit et une équipe solide.
Comment restez-vous créatif ? Où trouvez-vous l’inspiration ?
Si on est passionné et qu’on aime ce qu’on fait, et qu’on se pousse constamment dans différents domaines de sa vie, que ce soit dans l’aspect éducatif de l’industrie ou tout simplement en essayant de nouvelles choses avec vos clients et en travaillant avec des gens qu’on aime, on reste inspiré à faire quelque chose de créatif. Chaque fois qu’on fait quelque chose de créatif et qu’on ressent une excitation, ça pousse à faire des choses encore plus créatives. Plus vous en faites, plus vous serez créatif.
Vous avez dit que Michelle Pargee a été un mentor pour vous. Pouvez-vous nous en parler ?
Michelle était en fait sur le plateau le jour où j’ai photographié cette collection. Je connais Michelle par l’intermédiaire de Goldwell depuis des années et j’ai eu l’occasion de travailler pour et avec elle à de nombreuses reprises, et nous sommes aussi devenus amis. Ce qui est génial, c’est qu’elle a toujours été très ouverte quant à son processus, donc j’ai passé beaucoup de temps à aider lors de ses séances photo. Aussi, elle a toujours été disponible quand j’avais besoin d’échanger avec quelqu’un. Elle a joué un rôle déterminant dans ma croissance en tant qu’artiste et je peux dire beaucoup de bien sur ce qu’elle a fait pour l’industrie et pour les jeunes stylistes tous les jours.
Avez-vous d’autres mentors dans l’industrie ?
Oh oui, beaucoup. Edwin Johnson est fantastique, Jon Paul Holt également. Honnêtement, à peu près tous ceux avec qui je travaille ou avec qui j’ai déjà travaillé ont influencé ma carrière.
Quels sont certains de vos objectifs ?
Mon plus grand objectif en ce moment est de redonner à la communauté des stylistes de la Colombie-Britannique et du pays. Je siège au conseil d’administration du Beauty Council of Western Canada et au conseil consultatif professionnel de l’ABA, alors je veux vraiment faire beaucoup de travail pour la communauté. Mon plus grand objectif en ce moment est d’inspirer autant de stylistes que possible, que ce soit par le biais de séminaires ou de travail en ligne. On peut faire beaucoup de choses pour exciter les gens et aider notre industrie en général à évoluer, donc je pense que c’est l’un de mes plus grands objectifs pour les deux prochaines années. Ensuite, comme toujours, c’est de rester inspiré, de créer de l’art et de créer quelque chose qui, espérons-le, évoque l’émotion chez les gens qui le voient, et de tout garder fascinant.
Comment s’est passée la dernière année pour vous ?
Ç’a été l’une des meilleures années de ma vie. L’univers de la COVID peut vous faire réussir ou échouer. On peut se replier sur soi-même, être triste ou devenir banal, ou envisager la pandémie comme une occasion de passer du temps honnête avec soi-même et de grandir. Je pense que bien des gens vont sortir de la pandémie meilleurs que jamais, plus motivés que jamais, en meilleure santé que jamais et prêts à secouer la planète.
Coiffure : Simon James, Style Lab Headquarters, Vancouver
Maquillage : Kate Nicol et Vanessa Westerager
Photos : Kale Friesen
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