Confidences — Lupe Voss
Découvrez les débuts de cette célèbre éducatrice en coloration de Redland, en Californie, et pourquoi, à son avis, l’éducation est si importante.
Racontez-nous vos débuts dans l’industrie.
Je suis styliste depuis environ 38 ans, mais je n’ai jamais pensé travailler en coiffure. Je voulais être pilote dans l’armée de l’air, mais mon père ne voulait pas que j’aille à l’école militaire. Je viens d’une famille de stylistes, donc je me suis retrouvée à l’école de cosmétologie en attendant de découvrir ce que je voulais réellement faire, mais au bout du compte, j’ai absolument adoré ça. Je me souviens d’avoir été captivée par le côté chimie. Le jour, j’allais à l’école,
et le soir, je travaillais au laboratoire à mélanger la coloration, et je suis vraiment tombée amoureuse du côté chimie. Je me souviens aussi du moment où je suis devenue amoureuse de l’industrie dans son ensemble. Quand j’ai accueilli mon premier client, même si j’avais peur de toucher, de couper et de colorer les cheveux d’une personne à l’époque, je savais que ça changerait sa vie. Peut-être pour une heure ou même une journée, mais il y a une magie dans le rapport entre les stylistes et leurs clients, et je me suis dite : « Je suis vraiment capable de faire ça. »
L’éducation que vous offrez a fait votre réputation, et il est évident que ça vous passionne. Comment et quand avez- vous commencé ?
En 1988, mon mari et moi avons ouvert notre salon, Julian August (qui a fermé pendant la pandémie) et à l’époque, je ne trouvais pas d’éducation qui convenait à mon équipe alors j’ai commencé à lui enseigner moi-même et j’ai vraiment aimé ça — je voyais que ça changeait leur vie. Je ne voulais pas seulement enseigner — il y a bien des façons d’apprendre, donc je voulais étudier les différentes façons de communiquer correctement avec les gens. Pendant mes études, mes cours m’ont appris à faire un placement en couleur ou une coupe, mais pas ce dont j’avais besoin pour évoluer. Il n’y avait pas de système ou quoi que ce soit derrière ces techniques. C’est l’une des raisons pour lesquelles je voulais me lancer en éducation : je voulais créer un système pour mon équipe et j’ai fini par vraiment aimer ça. Voir quelqu’un grandir dans son métier est super gratifiant. Je suis devenue formatrice chez Aveda et j’ai eu des occasions de monter sur scène, et la marque m’a suffisamment fait confiance pour que je sois mentor de son équipe d’éducateurs « Purefessionals ». J’ai finalement lancé Hair Color Magic, un programme éducatif. J’ai remarqué qu’il y avait une grande lacune dans notre industrie. Lorsqu’un fabricant de coloration envoie une personne donner une formation sur ses produits, elle enseigne comment utiliser ses produits, et l’école de cosmétologie enseigne à réussir [les tests d’octroi de licence], mais les gens n’apprennent pas le métier ; ils ne comprennent pas pourquoi les produits fonctionnent ni la chimie qui les sous- tend. Mais quand on le comprend, on sait comment ajuster un produit soi-même. J’ai commencé à voir que les gens ne savaient pas comment formuler. Ensuite, je n’ai tout simplement pas pu arrêter : j’ai continué à trouver des lacunes dans l’éducation dont nous avions besoin en tant qu’industrie et à essayer de trouver des façons de les combler.
La pandémie a causé beaucoup de changements dans l’industrie ; l’un des plus importants a été le passage à l’éducation virtuelle. Pensez-vous qu’il y a une place pour l’éducation virtuelle et pour l’éducation en personne dans l’industrie ?
J’avais l’impression [avec l’essor des médias sociaux et depuis le début de la pandémie] que l’éducation virtuelle perdurerait, mais je pense vraiment que les deux (l’éducation en personne et virtuelle) vont demeurer. Lorsque j’étudiais la façon dont les gens apprennent, j’ai découvert qu’il y a différents types d’apprenants. Certaines personnes sont des apprenants visuels et auditifs qui peuvent voir et entendre, puis aller utiliser la technique ; elles comprennent les formules très rapidement. Mais il y a des types d’apprenants qui doivent faire les choses physiquement, apprendre de leurs erreurs et s’ajuster, puis réagir rapidement ; ils peuvent regarder et écouter à nouveau, mais seulement après avoir mis les choses en pratique d’abord. Les deux plateformes sont importantes pour notre industrie et s’adressent à différents types d’apprenants. Tant que nous pratiquons notre métier, je pense qu’il y a une place pour tous les types d’éducation !
Vous avez récemment collaboré avec Ray Civello et lancé Color Space, une nouvelle gamme de coloration. Parlez- nous-en un peu plus et dites-nous pourquoi l’éducation joue un si grand rôle dans l’histoire de l’entreprise.
Nous voulions révolutionner notre industrie. Nous sortons d’une très mauvaise période [en raison de la pandémie] et nous voulons donner plus d’espoir aux gens de notre industrie et les aider à retrouver leur passion. Leur donner quelque chose de nouveau et d’innovateur. La création de quelque chose de nouveau est au cœur de Color Space. Il ne s’agit pas seulement d’éduquer sur les produits. Bien sûr, toute coloration est belle lorsqu’elle est utilisée correctement, et elle a des nuances différentes et peut être employée de bien des manières, mais ce que nous voulons enseigner est encore plus profond : la chimie de la coloration, comment elle fonctionne, et comment nous percevons la couleur. Il ne s’agit pas seulement d’informer l’industrie, mais de lui enseigner l’art, aussi. C’est pour ça que l’éducation joue un rôle si important dans ce que nous faisons. Ray a une base très solide dans les affaires et ce qui est vraiment intéressant à son sujet et au sujet de tous les gens avec qui nous travaillons, c’est qu’ils sont tous stylistes et tous dans l’industrie. Ray est très bien entouré et son intuition pour les affaires est aigüe. Je m’occupe du volet éducation et de la croissance d’une équipe et de la compréhension de la chimie. Il compte sur moi pour tout ce qui a à voir avec la formation et l’éducation sur les produits, et je lui fais entièrement confiance du côté des affaires — nos forces se complètent vraiment. Il y a un excellent équilibre entre ce que chacun fait et nous avons beaucoup de respect l’un pour l’autre.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui vient de commencer dans l’industrie et qui espère avoir un impact ?
N’arrêtez jamais d’apprendre. La compétence de quelqu’un se mesure à sa dernière coloration. C’est comme ça que je vois les choses. Quand vous travaillez à une coloration, même si elle est magnifique, demandez-vous ce que vous pouvez faire la prochaine fois pour l’améliorer encore plus.
À votre avis, pourquoi la formation continue est-elle si importante pour
les stylistes à toutes les étapes de leur carrière ?
Notre industrie est remplie d’artisans. Un artisan doit s’exercer et se tenir au courant des nouveautés. Au fil des ans, la coloration n’a pas vraiment changé, mais maintenant, il y a beaucoup de nouvelles molécules de coloration et de nouveaux produits. Si nous ne nous tenons pas au courant de la chimie qui appuie ces changements, et des innovations, nous ne grandirons pas en tant qu’industrie. C’est un métier et il faut s’exercer si on veut continuer d’être inspiré. Il y a une différence entre la motivation et l’inspiration. On peut être motivé à faire quelque chose, mais si on est fatigué, la motivation fournit l’élan nécessaire pour faire quelque chose. L’inspiration nous change spirituellement. Quelque chose se produit et change une habitude, change la façon de voir les choses, change un paradigme, mène à un niveau supérieur, mais on ne peut pas l’enseigner à quelqu’un. Le fait de continuer d’apprendre tout au long de sa carrière aide à rester inspiré.
Qu’est-ce qu’on peut attendre d’autre de vous ?
Je veux faire plus de photos. Je veux que l’entreprise croisse et que nos produits soient toujours innovateurs. J’adore faire du travail sur scène. Je vais toujours enseigner, que ce soit en ligne ou dans une salle de classe.
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