Le réputé styliste Jay Mahmood se fie toujours à son instinct. Même lorsque les autres pensent autrement.
Jay Mahmood travaille en salon depuis plus de dix ans. Mais il reste à l’avant- garde des tendances coiffure en suivant sa passion et son instinct. À titre d’ambassadeur création international Goldwell, il voyage partout dans le monde pour éduquer ses collègues stylistes, parce que, selon lui (et toute l’industrie !), une bonne formation est le meilleur gage du succès.
Comme plus de stylistes que jamais quittent l’industrie avant même de débuter leur carrière, Jay s’est donné pour mission de fouetter la passion des éducateurs et des plus jeunes artistes coiffeurs. « On se lance en coiffure, on est pleinement inspiré. Puis, il se passe quelque chose, et on décroche… À titre d’éducateur, nous devons nous demander si nous donnons le bon exemple. »
Pourquoi devenir expert en formation?
Dans ma propre carrière, il y a eu des moments où je me suis senti abandonné, et où certains de mes professeurs ne croyaient pas en moi.
Je me suis dit que lorsque je serais bon en coupe, je voudrais aider les coiffeurs qui se sentiraient dévalorisés. On est tous différents, et parfois l’apprentissage est difficile.
Lorsque vous étiez jeune styliste, quelles étaient vos principales difficultés?
J’ai reçu une excellente formation, mais certains de mes professeurs ne croyaient pas en moi. Parfois, les relations avec les gens partent du mauvais pied. Un de mes professeurs m’a dit que je devrais penser à autre chose. Mais j’ai toujours cru le contraire. Regardez où j’en suis maintenant : j’enseigne dans mon industrie.
Alors d’une certaine manière, les problèmes vous ont permis de grandir?
Ça m’a donné plus de détermination. Lorsqu’on termine ses études, on est encore très jeune. En rétrospective, je pense que j’aurais pu adopter une attitude différente. Mais c’est cruel de dire à un jeune qu’il ne réussira jamais. Tim Hartley, notre patron international à l’époque, m’a pris sous son aile. Aujourd’hui, c’est à mon tour de redonner ce que j’ai appris.
Quels conseils pouvez- vous partager avec les éducateurs qui travaillent avec les jeunes ?
Il faut être très patient. Lorsque je veux voir le potentiel de quelqu’un, je ne regarde pas ses compétences en coiffure. J’observe plutôt tout ce qu’il fait d’autre ; sa façon de passer le balai, de plier les serviettes, d’organiser ses choses. Ces détails m’en disent beaucoup sur son approche. Par exemple, lorsque j’étudiais chez Sassoon, il y avait un gars qui pliait méthodiquement sa serviette, alignait ses peignes et ses pinces, puis s’assoyait à l’avant avec ses camarades de classe. Je me disais qu’il irait loin parce qu’il prenait la peine de tout préparer, il était déjà en mode « apprentissage ». Cette discipline vient de soi.
Parlons maintenant de la prochaine génération. Que faites-vous lorsque vous entendez un jeune styliste dire qu’il est découragé ?
Avant de remettre en question votre idée de travailler en coiffure, observez l’environnement. C’est parfois ce qui peut faire la différence. Et on ne doit donc pas abandonner si on a une passion pour la coiffure. Il faut être honnête envers soi-même. J’ai travaillé chez Sassoon pendant 11 ans, et j’en suis arrivé à un stade où je sentais que j’avais besoin d’un défi. Donc je suis allé chez Allilon, et après avoir géré cette académie, j’avais besoin d’un nouveau défi. Si vous resssentez le besoin d’opérer un changement, sautez. Même si ça peut être terrifiant.
Et comment surmonter cette peur ? Vous avez travaillé au même endroit pendant 11 ans, ce qui est tout de même très long….
Le pire dans la vie est de se sentir en sécurité. Ça ne nous permet pas vraiment d’évoluer. Je dirais que si vous avez peur de quelque chose, lancez-vous. J’ai quitté Sassoon après 11 ans, un travail que j’avais décroché après mes études, alors imaginez combien c’était difficile.
Je connaissais l’équipe dont je ferais partie depuis longtemps, je lui faisais confiance et sa vision me fascinait. J’étais sur le point de lancer ma propre marque, et j’avais un excellent travail sur la route avec Allilon.
Je me souviens de m’être assis avec eux et d’avoir dit qu’il fallait que je passe à autre chose. Ils m’ont demandé si j’avais un emploi. J’ai dit non. Je sentais qu’il était temps de partir et de me faire confiance. Je savais que j’allais lancer ma propre marque, à titre d’éducateur international, que je voyagerais et que j’enseignerais.
Je savais que j’avais des contrats d’enseignement au cours des deux prochains mois. Je me suis dit que je devais écouter mon instinct, que je ne laisserais pas la peur m’empêcher d’avancer.
On crée soi-même la peur. Lorsque je pense à ma carrière, ce qui importe le plus, c’est ce que j’ai accompli. Parfois je me demande, « Quel est le pire qui aurait pu arriver ? » J’aurais continué pendant deux mois, je serais revenu et me serais rendu compte que ça n’avait pas marché. Mais puisque je suis devenu ambassadeur Goldwell, le risque a été payant.
Comment êtes-vous devenu ambassadeur international ?
L’un de mes bons amis était directeur régional de l’éducation chez Goldwell. Je lui ai confié que je songeais à ouvrir ma propre académie. Selon lui, Goldwell avait besoin de quelqu’un comme moi qui suis spécialisé dans la création de systèmes de formation. Il se trouve que John Moroney voulait créer un programme de formation en coupe afin de positionner Goldwell comme étant une marque offrant tous les services coiffure, dont bien sûr la coupe.
J’ai structuré le programme selon mon expérience et les marchés dans lesquels j’ai évolué. Je crois qu’il s’agit d’un excellent système pour la coupe en salon.
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