Texte : Yasmin Grothé
Quel conseil professionnel vous donneriez-vous si vous pouviez remonter dans le temps ? Nous avons demandé à trois grands noms de notre créneau quelles sont les plus grandes leçons qu’ils ont tirées (jusqu’à maintenant…) de leur expérience en carrière. Voici ce qu’ils ont partagé avec nous !
Il faut beaucoup d’audace pour se lancer dans une carrière en coiffure ! Non seulement faut-il maîtriser l’art du coup de ciseau, et le raffiner constamment au fil des ans en suivant des formations, mais il faut également avoir un flair pour les affaires pour pouvoir croître au des années. Qu’on loue une chaise ou gère un salon qui roule rondement…
Mais, tout d’abord…
1. Comment savoir si on a les compétences nécessaires pour devenir entrepreneur en coiffure ?
« Pour devenir entrepreneur, il faut avoir une vision solide et un désir profond de la concrétiser. Il faut croire en sa vision et en soi-même et ne laisser personne vous en éloigner. Vous devez être prêt à tout risquer pour pouvoir la concrétiser. » — Ray Civello, fondateur des salons Civello de Toronto, et de Collega, une entreprise canadienne de distribution de produits capillaires.
« Tout d’abord, essayez de connaître à fond la profession. Ainsi, ce sera plus facile pour vous de vous imaginer styliste, et si ça vous convient ou non. » – Renn VonDyck, propriétaire du salon Élan Hair Studio, Winnipeg
« Quand j’ai commencé dans le domaine, par la force des choses, j’étais coiffeur, directeur artistique et entrepreneur. Mais, avec le temps, le côté affaires a pris plus de place dans mon quotidien. Ça s’est fait progressivement. Au départ, ça a été très difficile, mais j’ai dû apprendre à gérer mes émotions » – Daniel Benoît, copropriétaire du salon Pure de Montréal et directeur artistique, Davines Amérique du Nord.
2. Quelle est la première chose à maîtriser lorsqu’on décide d’ouvrir un salon ?
« On doit absolument combattre la négativité. Le fait d’être positif facilite grandement le succès. » — Renn VonDyck
« Il faut surveiller tout ce qui se passe au salon en tout temps, tout en concentrant son attention sur son client ou invité. Ça prend du temps, mais si on le fait tous les jours, ça finit par devenir intuitif. » – Ray Civello
« J’ai dû apprendre à gérer mes émotions. Dès que quelque chose n’était pas fait à ma façon, je m’emportais. C’était très difficile pour moi d’accepter les lacunes des autres. Mais j’avais un bon sens du leadership et une vision artistique que je voulais voir évoluer, donc j’ai dû accepter
la manière dont les autres fonctionnent et poursuivre mon cheminement. » – Daniel Benoît
3. Qu’est-ce que vous avez appris dans votre première année en affaires qui est encore pertinent aujourd’hui ?
« Au-delà de tout, ce qui compte le plus, sont les gens ! Une décision est bonne seulement si elle profite aux invités,
à l’équipe et à l’entreprise. Si elle sert uniquement à un ou deux de ces éléments, ce n’est probablement pas une bonne décision. » – Ray Civello
« Ayez une idée claire de vos intentions et de qui vous êtes. Au début, la propriétaire de l’édifice ne voulait pas me louer un espace, parce qu’à son avis, un salon de coiffure
comportait trop de risques. Il a fallu que je contourne l’agent responsable de la location et que je présente ma vision quant au salon directement à la propriétaire. J’ai réussi
à la convaincre que je serais un excellent locataire. Ça fait maintenant 13 ans que Élan Hair Studio est à la même adresse ! Les gens se trompent très facilement, qu’il s’agisse
de vos collègues, du personnel, des clients ou de la banque. Il faut instaurer la confiance pour réussir. » — Renn VonDyck
« Lorsque j’ai lancé mon premier salon, j’avais un minuscule espace où j’ai installé quatre fauteuils. C’était serré, mais les clients adoraient ! J’ai éliminé la distributrice de boissons gazeuses et je l’ai remplacée par une étagère pour la revente de produits. Au bout d’un an, j’avais le plus gros chiffre d’affaires des produits Sebastian dans ma région. Si on se prépare bien, tout tombe en place. » – Daniel Benoît
4. Que doit-on constamment refaire au l des ans pour continuer à réussir à titre d’entrepreneur dans l’industrie de la coiffure ?
« Il est très important d’être exposé à de nouvelles choses de façon régulière. Je vais à Londres deux fois par année pour étudier toutes les nouvelles techniques et idées que
je veux adopter dans le salon. Il faut aussi garder en tête que lorsqu’on participe à de nombreuses formations, on s’expose constamment ; dans un sens, on est vulnérable. La seule façon d’apprendre est de se mettre en danger. Il faut constamment se pousser et garder l’esprit ouvert. Je me mets toujours au défi d’apprendre de nouvelles choses. »
– Daniel Benoît
« Il faut pouvoir et vouloir changer de rythme. Parfois, la croissance est progressive, lente et constante ; parfois, un changement majeur vient tout changer. Si vous sentez que vous n’avancez pas ou que vous vous ennuyez, cherchez quelque chose qui va vous bousculer. Il ne faut pas tout essayer en même temps, non plus. Ni penser que c’est plus facile pour les autres. Restez ouvert à toutes les possibilités. Ça va vous donner une longueur d’avance. » — Renn VonDyck
« Vouloir offrir une expérience haut de gamme est ce qui charme et fidélise les clients, en bout de ligne. Et on sait combien la fidélité est importante dans notre domaine ! Dans nos salons, nous voulons que les clients adorent leur expérience à chaque fois. Et pour y parvenir, nous devons constamment évoluer, grandir avec notre métier et veiller au développement des autres. » — Ray Civello
5. Quel est l’obstacle le plus grand que vous avez dû surmonter, et comment avez-vous réussi ?
« Notre groupe était propriétaire de plusieurs salons, et nous avons décidé d’en fermer quelques-uns. Il a donc fallu intégrer ces employés à un autre salon qui avait une culture différente. Ce changement a été difficile pour toute l’équipe. C’est particulièrement difficile de faire cohabiter différents groupes d’âges, tandis que la direction et les stylistes doivent s’adapter à une nouvelle façon de travailler. Mais si on veut que l’entreprise soit florissante, ces changements-là sont parfois nécessaires. » — Daniel Benoît
« Environ trois ans après le début de ma carrière, je suis passé d’un salon sans rendez-vous, que j’avais fondé, à un salon haut de gamme où je devais bâtir ma propre clientèle. Subitement entouré d’autant d’excellents stylistes, c’était tentant de me vanter et de me présenter comme un coiffeur vraiment hors pair, moi aussi. Mais j’ai découvert qu’en restant humble et honnête avec mes clients, leur disant que j’étais nouveau et que j’essayais de me bâtir une clientèle, j’ai gagné leur confiance. Je pense qu’on m’a recommandé des clients pour cette raison-là. J’étais également plus prêt à apprendre des mentors du salon. » — Renn VonDyck
« Le plus grand obstacle que j’ai eu à surmonter, c’est de faire adopter ma vision par d’autres stylistes. En assistant à des formations de façon régulière, et avec un salon qui mise fortement sur le service, on peut créer un environnement que les clients vont adorer et où l’équipe travaille bien. Sans réunions ni formation, il est impossible d’y parvenir. » — Ray Civello
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