Le styliste vedette Louis Hechter explique le rôle vital du marketing, un essentiel dans sa carrière constellée de succès.
Comment devient-on un styliste « star », mais surtout, faire perdurer cette étiquette ?
En fait, je me considère plutôt comme une personne chanceuse qui a percé dans un domaine où il est di cile de garder sa tête hors de l’eau. Je rêvais d’être un coi eur mode, et j’ai réussi à me faire un nom dans plusieurs aspects de ce créneau : photoshoots éditoriaux, vidéoclips, photographie créative. Je pense que le fait d’avoir touché à tous ces aspects m’a aidé à percer. L’amour de mon métier se re ète dans tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Quand on a le désir de bâtir quelque chose d’important, ça devient le but le plus fondamental.
Vous avez un sens du marketing très aiguisé pour vous et votre salon, Orbite, à Montréal. Comment avez- vous acquis ce talent ?
L’une des blagues les plus répandues à mon sujet est ma passion pour les appareils électroniques. Cette passion m’a donné le goût de vouloir apprendre et me servir de Photoshop. Quand je travaille à créer une collection ou que je suis en photoshoot, je m’assois à côté de l’assistant- photographe et j’observe tout ce qu’il fait. Je suis toujours en train d’apprendre. Cet intérêt personnel m’a poussé à étudier l’illustration, la photographie et même les génériques de films qui sont, essentiellement, d’importantes composantes marketing.
À titre de directeur éditorial de L’Oréal Professionnel Canada, vous réalisez aussi les cahiers de tendances pour la marque. Parlez-nous un peu de ceci…
Je suis de très près ce qui se passe en mode, ce que les grandes marques créent. C’est la vision éditoriale d’une collection, ce que les tendances soulignent, qui m’inspirent. Essentiellement, il faut se rappeler que le mot « éditorial » signi e qu’on raconte une histoire avec les cheveux, appuyée par les vêtements et les accessoires. Ensuite, j’examine la façon dont ces influences vont se traduire pour la cliente en salon et qui ne veut pas quelque chose de trop exagéré pour elle.
Et comment créez-vous ces rapports de tendances, qui inspirent la formation chez L’Oréal Professionnel ?
Mon principal défi est habituellement de trouver la photo adéquate. Par exemple, pour l’automne-hiver actuel, Gucci a une influence énorme avec tout tous ces détails de laçage dans les collections de 2017, ainsi que les références à Marie-Antoinette. Je pressentais que ces deux éléments importants devaient se manifester dans la coi ure, aussi. Puis j’ai commencé à voir de gros gâteaux de luxe. Parfois, il arrive que les mêmes thèmes se retrouvent dans les magazines de mode et de déco, et à ce moment-là je constate qu’il se passe quelque chose d’important. Il faut être curieux et être ouvert pour voir ces liens-là. Quand on fait de la recherche, il faut voir plus loin que le premier degré.
Est-ce que créer sa marque devrait être une composante importante dans la carrière de tout styliste ?
Le développement de carrière est très di érent maintenant de ce qu’il était à mes débuts, dans les années 90. À l’époque, il y avait une forte récession et les salons ne faisaient pas de publicité. La seule manière de se faire connaître était via les compétitions. Ça faisait circuler ton nom et te valait le respect des autres. Ensuite, c’est par le travail éditorial qu’on se faisait connaître. La mode a repris son importance. Mais il ne faut jamais oublier que, peu importe la marque à laquelle tu es associé, ton nom et ton travail doivent toujours te faire connaître. Ça exige beaucoup de discipline, et ça devient une signature. C’est ce qu’on devrait toujours bâtir comme branding personnel.
Que faut-il vraiment pour réussir comme styliste ?
Si on pense à la coupe, la coi ure et la coloration, ce sont des choses qui ne changent pas. Ce sont les services qu’on o re, et qui doivent toujours être les meilleurs. C’est la base même de notre travail. Un excellent coi eur va toujours être occupé. Mais il faut tenir compte des changements qui se produisent dans notre société et notre créneau ; vraiment prêter attention à la façon dont la clientèle évolue.
Comment s’adapter aux changements ?
Il faut se renouveler et refaire le branding de son salon tous les cinq ou six ans parce que la clientèle change à peu près à ce rythme-là.
On doit toujours revoir son image de marque pour que la transition ne se remarque pas entre l’ancien et le nouveau. Il faut aussi rediriger ses efforts au niveau marketing. Mon image personnelle a beaucoup évolué au cours de ma carrière. Évidemment, les réseaux sociaux sont très importants maintenant. Mais il faut toujours se préparer au changement. Les choses évoluent de façon continue. Il faut garder l’œil ouvert !
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