Médias sociaux : les nouvelles vitrines

Nous parlons à des professionnels de la beauté maîtres des médias sociaux (pour les affaires) des avantages d’Instagram par rapport à TikTok, et leur demandons comment ils s’en servent pour attirer des clients, créer un portfolio, se faire connaître par les marques, et plus encore !

Certains se servent des médias sociaux pour communiquer avec leurs amis, afficher des égoportraits ou tout simplement suivre leurs vedettes préférées, mais les médias sociaux peuvent être un outil extrêmement puissant dans l’industrie des salons, pour montrer son travail, trouver des clients, collaborer avec des marques, échanger des formules et même bâtir et faire croître son entreprise.

« Quand je suis arrivé dans l’univers de la coiffure, j’ai dit à mon patron de l’époque que nous devrions créer un compte Instagram pour le salon. Il a dit que nous n’en avions pas besoin parce que nous étions complets », raconte Max Gourgues, propriétaire du Max Gourgues Salon de Montréal ainsi qu’éducateur
et ambassadeur Redken. « J’ai quitté le salon, et trois mois plus tard, il a fermé. Les médias sociaux permettent de pousser sa carrière encore plus loin et de rester au sommet. Je me demande si le salon aurait fermé si on m’avait écouté. »

Lentement et sûrement

En regardant les profils de ces quatre professionnels de la beauté canadiens, on peut supposer que ce sont des pros du numérique (ils le sont !), mais aussi adeptes des médias sociaux qu’ils soient, ces stylistes n’ont pas toujours été aussi connectés. Que ce soit par une photo virale ou les applis qu’ils ont appris
à utiliser tout seuls, ils ont adopté les médias sociaux au bon moment, obtenu un grand nombre d’abonnés et utilisé leurs plateformes pour lancer et élargir leur carrière.

« Quand j’ai commencé à coiffer, je prenais des photos de la métamorphose de mes amis, des photos d’eux lors du traitement, ou de moi en train d’appliquer un produit, et je mettais tout sur Instagram. Je documentais tout, toutes les transformations que je pouvais », révèle Max, qui compte actuellement plus de 86 000 abonnés sur Instagram. « Après quelques mois à publier tout mon travail, ma page Instagram a commencé à exploser. J’ai même décroché un emploi en raison de ma page Instagram : le propriétaire de salon qui m’a embauché l’a vue et m’a dit que je serais la prochaine grande vedette. Quand j’ai commencé à travailler là-bas, on m’envoyait des clients quand tout le monde était occupé, et je documentais tout sur chacun d’eux et je publiais tout cela. Six mois plus tard, j’ai dû cesser d’accepter de nouveaux clients. Je suis devenu une sensation sur Instagram, ce qui m’a amené beaucoup de succès. Je n’accepte toujours pas de nouveaux clients, et tout a commencé parce que je publiais avec diligence des photos de mon travail. »

Elissa Wolfe, styliste indépendante de Vancouver et artiste Oligo Professionnel, explique que lorsqu’elle s’est lancée sur Instagram, elle se servait de l’application pour échanger avec d’autres stylistes, mais il est vite devenu évident qu’elle pouvait également être un moyen de communiquer avec des marques, d’attirer des clients, et bien plus.

« Mes premiers abonnés étaient d’autres stylistes », poursuit Elissa, qui a présentement plus de 28 000 abonnés sur Instagram. « J’ai commencé à suivre bien des gens de l’industrie pour échanger des formules et techniques. J’ai publié quelques photos très aimées qu’on a fini par partager partout, le genre de situation où on peut passer de mille à dix mille abonnés en quelques jours ! Lorsque le nombre de mes abonnés a augmenté, des entreprises ont voulu collaborer avec moi, et les clients ont commencé à le remarquer, aussi. »

Pour sa part, Farhana Premji, propriétaire de The Beige Label Salon à Calgary et ambassadrice Redken, s’est abonnée à Instagram pour les affaires après avoir mis fin à une relation, mais ne savait pas à quoi ça mènerait.

« J’avais besoin de me concentrer sur autre chose », raconte Farhana, qui compte actuellement plus de 182 000 abonnés sur Instagram. « Mon horaire était déjà complet, et je connaissais l’importance des consultations, des ventes au détail et des réservations. Je voulais utiliser Instagram pour montrer mes images et partager mes connaissances sur l’effet de l’éclairage sur le ton, l’importance des soins à domicile, l’entretien de la couleur, et plus encore. Ç’a d’abord été un outil pour communiquer avec mes clients, mais après quelques mois, j’ai commencé à voir un changement dans mon horaire – plus de renvois et de demandes spécialisées, de demandes de mon temps, ce qui a entraîné d’importantes augmentations de prix. »

Il ne fait aucun doute que les stylistes ont trouvé le succès sur Instagram, qui est toujours la plateforme de choix pour beaucoup, mais pour Katie Zaharik, propriétaire de Bobby Hair Studio à Vancouver et membre du #SKPCANSquad de Schwarzkopf Professional, le parcours vers une grande présence sur les médias sociaux a été légèrement différent.

« Il m’a fallu des années pour obtenir quelques milliers d’abonnés sur Instagram, mais en seulement un an, mon nombre d’abonnés sur TikTok est passé de 10 000 à plus d’un million, explique Katie. J’ai commencé à utiliser Instagram il y a sept ans et je considère vraiment l’application comme un portfolio pour mon travail, mais TikTok est plus créatif. Mon premier vidéo sur TikTok est devenu viral au cours de l’été 2020. C’était une correction de couleur blonde qui a été visionnée quelques millions de fois et a fait passer mes abonnés de 10 000 à 50 000. »

Cependant, Katie souligne qu’un vidéo viral n’est pas toujours une expérience complètement positive. « Pour l’un de mes vidéos, j’ai fait un test sur mèche – quelque chose que comprennent les ados sur TikTok, mais les gens étaient mécontents que je coupe les cheveux pour faire le test, même si la cliente me l’avait demandé, raconte-t-elle. Mais toute publicité est avantageuse. La négativité pousse certaines personnes hors de la plateforme, mais ce sont généralement les gens ou les messages controversés qui ont le plus de succès. Ce vidéo a été vu 20 millions de fois. Tout vidéo qui devient viral sur TikTok semble avoir plus d’impact et plus de visionnements chaque fois. Ça demande du travail, mais ça vaut vraiment la peine. »

CONSEIL DE PRO : LORSQUE VOUS COMMENCEZ À AUGMENTER VOTRE PRÉSENCE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX, KATIE SUGGÈRE DE CONSULTER PINTEREST POUR L’ESTHÉTIQUE DE LA PAGE D’ACCUEIL INSTAGRAM OU DE SUIVRE LES STYLISTES QUI ONT DU SUCCÈS ET DE COMPRENDRE POURQUOI ILS RÉUSSISSENT POUR VOUS GUIDER.

#Instagram vs #TikTok

Alors que certains professionnels de la beauté, comme Katie par exemple, connaissent bien TikTok et Instagram et pensent qu’une combinaison des deux est la plus bénéfique pour mousser les affaires, d’autres stylistes hésitent davantage à utiliser les deux.

« Bien que j’aime regarder les vidéos sur TikTok, je ne suis pas un créateur, déclare Max. Je préfère Instagram et il est primordial d’y être présent en tant que professionnel de la coiffure. Les gens recherchent des résultats, une expérience. Si un client cherche un nouveau styliste, il va aller voir son travail sur Instagram. Même s’il est le meilleur styliste de tous les temps, s’il n’a ni compte Instagram, ni présence sociale, il n’obtiendra pas ce client-là. Même si un styliste a 200 abonnés, il lui faut un endroit pour présenter son travail. Les clients veulent aussi en savoir plus sur vous – ce styliste-là me mettra-t-il au défi ? M’offrira-t-il des conseils ? Quelles sont ses heures ? Le bouche-à-oreille ne se fait plus. C’est Instagram qui compte. Il faut montrer au client ce que vous faites et pourquoi il devrait vous choisir. »

Max sait qu’il est important d’avoir une présence sociale pour attirer de nouveaux clients, mais Elissa révèle qu’elle a commencé à utiliser Instagram à l’époque où on partageait tout simplement des photos. Elle dit avoir de la chance que son entreprise ait grandi grâce à l’application.

« SUIVEZ LA TENDANCE ACTUELLE SUR LES MÉDIAS SOCIAUX ET RENDEZ-LA PERTINENTE POUR NOTRE INDUSTRIE – DANS NOTRE CAS, CE QUI SE PASSE SUR VOTRE FAUTEUIL. ENSUITE, ESSAYEZ-LA ET PUBLIEZ-LA POUR VOIR CE QU’ELLE PRODUIT. ÇA POURRAIT ÊTRE LE VIDÉO QUI LANCE VOTRE PARCOURS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. » — KATIE ZAHARIK (@BOBBYHAIRSTUDIO), PROPRIÉTAIRE, BOBBY HAIR STUDIO, VANCOUVER

« Quand j’ai commencé à utiliser Instagram, personne n’utilisait de mots- clics ! J’ai l’impression d’être arrivée au bon moment et j’ai eu la chance de faire croître mon entreprise grâce à elle, poursuit Elissa. À un moment donné, les gens ont commencé à venir au salon en me disant qu’ils avaient vu mon travail sur Instagram et me demandaient de recréer certains looks. À ce moment-là, j’ai réalisé que je devais le faire encore plus pour les affaires. Maintenant, 90 pour cent de ma clientèle vient d’Instagram. C’est un outil essentiel dans notre industrie. »

« C’est un endroit où publier votre travail et montrer que vos compétences et connaissances sont à jour, que vous utilisez les derniers produits et essayez les nouvelles techniques, ajoute Farhana. Ça montre aux marques votre expertise et votre professionnalisme, et ça permet d’attirer des clients qui cherchent un styliste à qui ils peuvent se fier pour atteindre leurs objectifs coiffure. Si vous identifiez les marques que vous utilisez, vous montrez que vous savez représenter une marque, que vous reconnaissez les contributions, et vos compétences quant aux produits. C’est un outil de marketing unique qui aide les professionnels de la beauté dans de nombreux aspects de leurs activités. »

Utilisatrice des deux plateformes, Katie sait que son entreprise ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans avoir profité des avantages des deux applications.
« J’aime TikTok parce qu’on crée du contenu satisfaisant pour le public, mais les deux sont essentielles pour les stylistes. C’est un peu plus lucratif d’avoir des abonnés sur Instagram que sur TikTok, où il n’est pas nécessaire que les gens veuillent obtenir un service que vous offrez pour vous suivre, dit-elle. Instagram devrait être un portfolio et un endroit où envoyer des messages aux clients et prendre des rendez-vous. TikTok est un exutoire créatif pour montrer le côté amusant de la coiffure et des vidéos de transformation. J’ai obtenu certains de mes abonnés sur Instagram grâce à TikTok, et ils sont devenus des clients. Les stylistes et les propriétaires de salon devraient rendre leurs pages fluides afin que les abonnés d’une plateforme puissent les suivre sur l’autre en sachant à quoi s’attendre. Ils peuvent utiliser les deux à leur avantage. »

Pouvoir social

Qu’il s’agisse d’Instagram ou de TikTok, le consensus parmi les professionnels de salon est qu’en général, rien ne vaut les médias sociaux pour améliorer votre art et exceller dans votre entreprise.

« Les médias sociaux sont le meilleur moyen de faire connaître votre entreprise. Ils peuvent être intimidants et on peut se sentir vulnérable d’exposer son travail et sa marque, mais c’est essentiel, explique Katie. Les gens peuvent être négatifs en ligne, et je crains que ça empêche certains coiffeurs d’y aller, mais c’est tellement bénéfique pour élargir son public. Ma principale recommandation aux professionnels de la beauté est de créer un compte et de publier tout ce dont ils sont fiers. Ce n’est pas facile, ça demande du travail, mais ça vaut la peine. C’est comme ça que mon entreprise a été créée ! »

Elissa convient que les médias sociaux sont essentiels pour notre industrie en raison de leur portée. « Notre gagne-pain dans cette industrie est fondé sur le bouche-à-oreille. Sur Instagram, le bouche-à-oreille est multiplié par 10, 20 ou 30, selon le message, confie-t-elle. Que vous soyez éducateur ou fabricant d’accessoires pour cheveux, ou quelle que soit l’entreprise que vous essayez de bâtir, si vous n’avez pas une page sur les médias sociaux, c’est une lacune énorme. »

« Les professionnels de la beauté doivent être présents sur les médias sociaux. Vous devez être pertinent et créer une demande pour votre temps afin de pouvoir, à votre tour, connaître un grand succès et faire des profits en faisant ce que vous aimez, ajoute Farhana. Instagram permet d’attirer la clientèle rêvée, qui vous choisit en raison de vos compétences et de vos talents uniques. C’est un outil pour communiquer avec vos clients existants et potentiels et créer une marque personnelle qui n’a pas de limites en ce qui concerne votre carrière dans l’industrie, et pour bâtir votre réputation. »

« LE NOMBRE DE MES ABONNÉS SUR INSTAGRAM A AUGMENTÉ ORGANIQUEMENT CAR JE N’Y PRÊTAIS PAS ATTENTION. JE ME CONCENTRAIS PLUTÔT SUR LES ABONNÉS QUE J’AVAIS – PLUTÔT QUE SUR CEUX QUE JE N’AVAIS PAS – EN CRÉANT DU CONTENU QUI INTÉRESSERAIT MES CLIENTS ET MES COLLÈGUES STYLISTES ET, SURTOUT, DU CONTENU QUE J’ÉTAIS FIÈRE ET SÛRE DE PARTAGER. » — FARHANA PREMJI (@XO.FARHANA.BALAYAGE), PROPRIÉTAIRE, THE BEIGE LABEL SALON, CALGARY

Le pouvoir des micro et des nano-influenceurs

Que ce soit par des cadeaux ou la promotion de produits, de nombreuses marques de beauté professionnelles commencent à collaborer avec les micro-influenceurs (10 000 à 50 000 abonnés) et les nano-influenceurs (moins de 10 000 abonnés) pour joindre de nouveaux publics et transmettre leurs messages à des groupes ciblés.

Selon Max, si une marque a récemment lancé un produit, la collaboration avec des influenceurs à petite échelle est un bon moyen de le promouvoir.

« C’est peu coûteux pour la marque, et les stylistes sont heureux de recevoir le produit gratuitement, révèle-t-il. Tout le monde y gagne. »

Farhana convient que les micro et les nano-influenceurs sont un excellent moyen de cibler des publics, mais elle souligne que les marques doivent être complètement transparentes quant au processus.

« J’encourage les marques à tout expliquer clairement dans une entente, car ces petits clients peuvent parfois dire oui à des marques ou à des produits similaires, ce qui serait un conflit d’intérêts, dit-elle. Le marketing d’influence ne fait que grandir, mais tout le monde doit être sur la même longueur d’onde ! »