Cette saison, on doit ajouter à son vocabulaire tendance les expressions « l’expérience barbier » et « lumbersexuel ». Car c’est dans l’air du temps pour le printemps 2015. Selon les spécialistes à qui nous avons parlé, l’évolution actuelle des styles pour hommes est la conséquence directe de la fin des finis mats et des techniques de coupe ciseau et peigne qu’on a beaucoup vus au cours des cinq dernières années. Ajoutons à cela un soupçon de hipsters qui craquent pour tout ce qui est rétro, et la mise en scène est bien en place pour le retour des coupes à la lame rappelant les rockabillies des années 50-60 et des barbes bien touffues.
Retour aux sources
« Actuellement, la demande pour les cours de barbiers classiques monte en flèche », affirme Martin April, propriétaire du salon Léopold sur la rue Beaubien à Montréal, dont l’influence barbier est palpable, et éducateur pour MensDept et Reuzel (la marque créée par Schorem, le barbier de Rotterdam qui a pratiquement lancé le retour de la tendance). « En fait, les stylistes étaient avides de ces techniques qui étaient tranquillement en train de disparaître parce qu’il n’y avait pratiquement plus personne qui coupait les cheveux à la tondeuse et à la lame. Et c’est impossible de faire un ‘shadow fade’ [dégradé au rasoir] convenable sans ces outils de précision », fait remarquer Martin.
La tendance barbier a commencé à prendre son envol il y a environ trois ans dans les petits salons urbains plus avant-gardistes de New York et des Pays-Bas. En ce moment, le phénomène prend une ampleur sans précédent dans toutes les villes et attire également une impressionnante variété de clients. On n’a qu’à penser aux Contessas de cette année, alors que Matty Conrad a remporté le trophée Choix du public avec une collection très masculine où la barbe était à l’honneur.
Mais au-delà de la tendance, Martin l’appelle un style de vie. « On a juste à penser à tout l’aspect esthétique qui en fait partie : les tatouages, les piercings, le décor avec des bois foncés et les détails très masculins. »
Les fondateurs de Schorem Barbier, de Rotterdam
Les outils
« À mon avis, tout bon barbier doit posséder une ou plusieurs tondeuses », affirme Pete Goupil, barbier chez Salon Espace C à Brossard, ainsi qu’éducateur international All Star pour American Crew. « En plus des ciseaux de sept pouces, d’un rasoir et de quelques peignes clés. Personnellement, je n’ai rien contre les adaptateurs, mais si on parle de techniques traditionnelles, j’opterais pour la tondeuse sur peigne. »
Les gels haute tenue et les pommades brillance doivent également faire partie de l’arsenal coiffure pour créer ces nouveaux looks où le cheveu offre beaucoup plus de détails. Les séparations larges et bien définies sont également une composante importante du look barbier. Essentiellement, on laisse de côté le cheveu légèrement échevelé et mat, créé avec les pâtes mates et argileuses, pour miser uniquement sur un fini très lustré et haute tenue.
« Ce qui a vraiment contribué à populariser le look barbier et l’a rendu accessible, ce sont les nouveaux produits coiffants », confie David Tremblay, gestionnaire de programmes marketing et communication chez le distributeur québécois Cosbec, qui compte dans son portfolio les marques Label.M, MensDep et Reuzel, qui ont laissé une empreinte indélébile sur la création et la diffusion de ces styles néo-rétro.
La bonne technique
Selon Pete Goupil, « même si [en tant que barbiers] nous avons chacun nos techniques et notre propre style, personnellement, je ne jure que par les méthodes American Crew. À mon avis, ce sont les techniques les plus simples et efficaces de coupe pour homme. Ce que j’aime bien, c’est de visualiser les étapes que j’entreprendrai avant de commencer la coupe». Ce qui est plein de bon sens, car l’art fin du barbier doit tenir compte de chaque menu détail et maîtriser l’illusion d’optique qui avantage le client. « Un bon barbier saura créer la silhouette parfaite à partir de n’importe quelle forme de tête. Le souci de chaque petit détail et une finition impeccable sont d’une extrême importance. J’évite les formes rondes, car elles ont tendance à être féminines », continue Pete.
Selon certains, les hommes n’étaient pas bien servis dans les grands salons branchés unisexes depuis plusieurs années, et c’est la raison pour laquelle le barbier a repris du poil de la bête (façon de parler !). Pour d’autres, il s’agit d’un simple retour du balancier qui ravive les racines du barbier traditionnel réservé aux hommes. En fait, chez Schorem, à Rotterdam, les femmes ne sont pas admises dans cet antre strictement dédié au mâle contemporain dont le décor, brut et foncé, a tout pour lui plaire.
Qui est le lumbersexuel?
Après le métrosexuel et le übersexual, le lumbersexuel est le nouvel icône masculin du moment. Robuste et viril, il arbore une barbe bien étoffée, est musclé comme un dieu et porte des chemises à carreaux et des bottes de cuir (eh oui, tous les stéréotypes sont là…). Il règne au firmament des blogs mode et coiffure les plus en vue du moment.
On suit Pete Goupil sur Instagram @petegrey pour plus de trucs et photos inspirantes. Suivez-nous aussi sur Instagram @salonmagazine
Comments are closed.